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Catégorie parente: actualités politiques et sociales
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Voici un bref compte-rendu de la conférence tenue par les trois camarades grecs de l'ESE le merccredi 16 mai 2012, lors de leur tournée en France organisée par la CNT

Merci à Anthi qui a assuré toutes les traductions.

Jorgos est sociologue et appartient à un syndicat de chômeurs, Nikos est chauffeur livreur, Anthi est étudiante précaire.

 

L'ESE , l'Union Syndicaliste Libertaire, est une union de travailleurSEs sur trois villes, interprofessionnelle, mais ça n'est pas un syndicat, qui intervient pour faire la promotion de l'anarcho-syndicalisme et de l'autogestion. En Grèce , il n'y a pas les capacités pour créer un syndicat institutionnel.

Il existe deux confédérations de syndicats de base, une pour les salariéEs du public et une pour le privé, toutes deux contrôlées par les sociaux-démocrates. Le dernier ministre de l'économie qui a appliqué le plans d'austérité était un ancien secrétaire de confédération syndicale . Même les syndicats autogérés doivent entrer dans les confédérations. Il existe une indépendance pratique quand même. La plupart des syndicats sont des organisations de branche. Pour créer un syndicat dans une entreprise, il faut qu'il y ait au minimum 21 salariéEs, alors que la majorité des entreprises sont très petites. Dans un même syndicat, il y a toutes les tendances politiques, donc le but c'est d'influencer les confédérations et de promouvoir l'anarcho-syndicalisme et le syndicalisme révolutionnaire. Les syndicats de base ont discuté de la création d'une autre confédération anti-capitaliste révolutionnaire pour briser le monopole syndical.

Dans les pays européens, il y a un grand mouvement de solidarité sur l'idée de « Nous sommes tous grecs » mais ça ne correspond pas à la réalité. La crise n'est pas un sujet national mais de classe. L'Etat et les médias font appel au sentiment national pour mobiliser l'union nationale contre les attaques européennes. La « génération des 700 euro » est descendue maintenant à 480 euro. Les salaires fixés par des négociations entre les syndicats et le patronat ont été réduits par la loi, les négociations collectives ont été abrogées. Des lois attaquent le syndicalisme, le gouvernement a donné le droit aux patrons de créer des associations de travailleurs habilitées à signer des accords au nom de touTEs. Les permanences pour les travailleuESs ont été supprimées dans le public. Toutes ces mesures touchent les travailleurSEs locauxLES et migrantEs. Ce qu'on appelle le mémorandum, c'est l'ensemble des mesures imposées ces trois dernières années par les gouvernements en accord avec la troïka ( UE, BCE, FMI). Les conditions de travail étaient déjà mauvaises avant le mémorandum mais depuis il y a aggravation, notamment l'atteinte aux services publics. L'argument de la compétitivité est ironique, car pour les patrons, il y a eu des lois pour les réductions d'impôts et de cotisations.



La situation sociale avant la crise

Il y a 40 ans, à la fin de la dictature, la pression démocratique des étudiants et des travailleurSEs a animé des luttes radicales, par exemple des occupations des lieux de travail, des grèves sauvages et la conscience ouvrière s'est développée. Une grande victoire a été l'augmentation de 50% des salaires. En 1980, le PASOK ( socialiste) est arrivé au pouvoir, il y a eu quelques luttes qui ont débouché sur des améliorations de la qualité de la vie mais le mouvement s'est assimilé et l'individualisme s'est développé. Le PS a utilisé le mouvement ouvrier comme source de voix et maintenant dans le mouvement social, l'idée est répandue qu'il n'y a plus de classes sociales.

Face à la crise, le mouvement ouvrier n'était pas préparé, la société grecque a eu un choc et n'a pas cru à la réalité de la crise, les gens ont pensé qu'il s'agissait d'une intox diffusée par les médias. Maintenant, l'opinion pense être à nouveau sous occupation allemande ( elle le fut de 1941 à 1944) et européenne.

Il y a des manifestations et des occupations des IndignéEs mais sans organisation pour bloquer les mesures prises par le gouvernement et sans lien avec le travail. La bureaucratie syndicale annonce la grève un jour à l'avance, et les grèves n'ont rien bloqué. La grève générale c'est juste une manifestation en centre ville et la population a perdu l'espoir de gagner.