La manifestation contre la réforme des retraites fut une belle réussite : 30 000 personnes dans les rues du Mans, c'est rare pour être souligné. Et cette fois-ci, les syndicats n'étaient pas les seuls même s'ils n'y sont pas pour grand chose : de très nombreux travailleurs ont montré leur détermination à refuser une réforme injuste et dangereuse pour leur avenir.

Mais, une nouvelle fois, la question se pose : que vont faire les syndicats de ce gros potentiel d'affrontement ? qu'ils le nient ou non, ce sont bien eux qui ont les cartes en main, eux qui ont le pouvoir de déposer des préavis et préparer des actions plus dures. Accuser les gens de ne rien vouloir faire, c'est un peu facile quand on empêche toute initiative un peu trop remuante.

 

Pour secouer la torpeur syndicale, il faudrait des organisations déterminées à agir contre le gouvernement. Or, les grosses centrales sont paralysées par leur prétention à rassembler toutes les tendances, toutes les sensibilités, à faire du nombre grâce à "l'apolitisme". A ce petit jeu de recherche de synthèse, ce sont toujours les plus modérés et les positions les plus réformistes qui s'imposent car ce sont les plus nombreux. Dans ces conditions, il est totalement vain et illusoire d'espérer muter de telles organisations en des syndicats de transformation sociale. Bien au contraire, c'est le "dialogue social" qui y domine comme stratégie.